Lula reste l’icône de la campagne électorale pour sa succession
Par Chantal Rayes
Le Temps, Dimanche, 11 juillet 2010
São Paulo - La candidate de gauche Dilma Rousseff profite de l’extraordinaire popularité du président brésilien. A droite, le leader de l’opposition José Serra n’ose s’attaquer au bilan du chef d’Etat
La bataille a commencé entre les deux principaux candidats à la succession du président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva. Le leader de l’opposition de centre droit, José Serra, et la dauphine de Lula, Dilma Rousseff, sont au coude à coude dans les sondages pour la présidentielle d’octobre. Les dernières enquêtes d’opinion les placent à égalité avec 39% des intentions de vote pour chacun. Les deux précédentes concédaient une courte avance de cinq points à l’ex-cheffe de cabinet de Lula (40% des intentions de vote contre 35% pour son rival).
Adoubée par Lula malgré son Parti des travailleurs (PT, gauche), Dilma Rousseff n’a jamais disputé la moindre élection. Il n’y a pas si longtemps, cette économiste, autrefois engagée dans la guérilla contre la dictature (1964-1985), était encore quasiment inconnue du grand public. L’inverse de José Serra, ex-gouverneur de l’Etat de São Paulo et candidat malheureux – il avait été battu par Lula lui-même – à la présidentielle de 2002.
La performance de la candidate du PT est donc remarquable et elle la doit exclusivement à l’époustouflante popularité du président: 78% d’opinions favorables, après bientôt huit ans au pouvoir, grâce au recul de la pauvreté et à la forte croissance de l’économie. Dans un contexte aussi favorable, Rousseff aurait déjà dû être largement en tête, disent les sceptiques. Mais ce n’est peut-être qu’une question de temps. Lula compte peser de tout son poids dans la campagne. Il n’a d’ailleurs pas attendu son coup d’envoi officiel, le 6 juillet, pour promouvoir sa candidate. Cela lui a valu six amendes du tribunal électoral. Son influence sera déterminante: 41% des personnes interrogées lors d’une récente enquête affirment qu’elles voteraient «à coup sûr pour un candidat soutenu par le chef de l’Etat», tandis qu’un bon quart de l’électorat ne sait pas encore qu’il s’agit de Dilma Rousseff. Surtout, la «publicité électorale» à la télé et à la radio ne sera pas diffusée avant la mi-août. La durée des spots publicitaires de chaque candidat sera proportionnelle au nombre de députés des partis qui le soutiennent. Ceux de Dilma Rousseff, alliée à la plus grande formation, le Parti du mouvement démocratique brésilien, seront les plus longs, ce qui lui confère une longueur d’avance.
«Dilma», comme on l’appelle ici, prône la «poursuite du changement» et accuse Serra de «ne penser aux pauvres que pendant la campagne». Son rival, quant à lui, reconnaît les avancées de l’ère Lula mais martèle que «le Brésil peut mieux faire». Serra n’a pas la tâche facile: être d’opposition sans attaquer directement un président très populaire et convaincre les Brésiliens qu’il est le mieux placé pour lui succéder. Pour sa part, la candidate du Parti vert, Marina Silva (8 à 10% des intentions de vote), se pose en troisième voie. Ex-ministre de l’Environnement de Lula, elle a démissionné en 2008, accusant son gouvernement, et en particulier Dilma Rousseff, de ne pas se soucier de la protection de l’Amazonie. L’écologiste prône le développement durable et veut incarner «une nouvelle manière de faire de la politique».
Les électeurs n’en savent pas beaucoup plus pour l’instant sur le programme des candidats. Ceux-ci auraient dû déposer le leur auprès du tribunal électoral mais cette formalité a tourné au burlesque. José Serra s’est contenté d’envoyer deux de ses discours. Dilma Rousseff, elle, a présenté «par erreur» la résolution approuvée par le congrès du PT, en février. Elle aurait paraphé sans le lire ce texte inspiré par l’aile gauche du parti… Celui-ci prévoit des mesures que la candidate dit ne pas endosser, comme un contrôle des médias – officiellement au nom de leur «démocratisation» –, considéré comme une menace à la liberté d’expression. Le texte a été retiré, mais le mal est fait. Le doute pèse désormais, tant sur les intentions réelles de Dilma Rousseff que sur sa capacité, si elle est élue, à dompter la gauche de son parti. «Lula y est parvenu, mais, écrit le magazine Veja, Dilma n’a pas son autorité».
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